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La mort est-elle belle ?

A la question :

« On Dit Qu’elle/Il Est Mort De Sa « Belle » Mort !!! Est-Ce Que La Mort Peut Être « Belle » ? Question de Carole Bertrand psychanalyste et somato-thérapeute, une amie !

Je suis tentée Carole de répondre

Oui la mort est belle ! belle parce qu’elle nous renvoie à notre humanité, à notre fragilité, à notre force de vie aussi mais je réserve ma véritable réponse que tu trouveras à la fin de ces réflexions.

Albert Einstein dit « La mort n’est pas la pire chose de la vie. Le pire c’est ce qui meurt en nous quand on vit. »

Nous n’acceptons pas la mort. Quelques rares personnes l’acceptent. Non nous ne l’acceptons pas, nous ne l’accueillons pas alors comme dit Albert Einstein « quelque chose en nous meurt » c’est pourquoi nous souffrons.

Il y a la mort de celui (ou celle) qui est parti (définitivement ou pas) et pour la personne qui reste la mort existe aussi ; le plus souvent elle est subie rarement accueillie.

Je me souviens que lorsque ma petite mère est décédée j’ai ressenti le fait d’être comme orpheline et cette pensée est venue « eh bien à présent il ne reste plus que moi en haut de la pyramide, la prochaine qui s’en va c’est moi… » j’avais perdu mon père plusieurs années auparavant.

La mort accable la personne qui est toujours seule face à l’évènement – même si elle est accompagnée - et qui le subit. La mort, que ce soit d’un animal ou d’une personne est toujours une épreuve à vivre. Elle nous laisse triste, désemparée, en colère quelquefois. La mort est inéluctable quelle que soit l’heure à laquelle elle arrive. Elle annonce quelque chose qui s’est achevée. Elle annonce une rupture avec la vie.

Sur quoi pleure-t-on quand il y a mort ? Sur qui pleure-t-on ? Est-ce la personne disparue, l’animal disparu que l’on pleure ? Ne serait-ce pas plutôt sur nous que l’on pleure ? Que va-t-on devenir ? Que va-t-on faire pour combler le vide que ces disparus laissent en nous ? N’entend-on pas souvent ces mots « Comment vais-je faire pour vivre sans lui, sans elle… ? Ce n’est pas possible, je ne le, la verrai plus, je ne le supporterai jamais… »

Pourquoi décidons-nous d’entrer en relation ou d’ « avoir » un animal ? C’est souvent parce que nous avons un besoin irrépressible d’aimer. C’est dans notre nature humaine, nous avons besoin d’amour et besoin d’aimer. L'amour est vital pour tout être vivant. J'ose penser que sans amour, il n'y aurait pas de vie. Notre amour - qui est rarement inconditionnel - est aussi fusionnel. Si l’amour est fusionnel aïe aïe aÏe cela va faire mal !

Elisabeth Kübler-Ross a écrit un livre superbe « La mort est un nouveau soleil ». Ce livre a été un baume pour moi lorsque mon frère Roger est parti brutalement. Il avait fait plusieurs infarctus et à l’âge de 50 ans – cela fait maintenant 27 ans – il en a fait un qui l’a emporté. Je me souviens avoir alors posé la question « pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Juste au moment où nous nous sommes retrouvés, pas en tant que frère et sœur mais en tant qu’âmes ! – la maladie avait changé Roger, il partageait ses émotions et nos échanges par courrier étaient devenus profonds. Il était resté en Lorraine, j’habitais dans le Rhône – Oui pourquoi ? Je pense qu’il n’y a pas de réponse à cette question. Ou s’il y a réponse, elle est toute simple, l’âme part lorsqu'elle est prête à partir. Pourquoi ne pas l’accepter ? A quoi cela nous sert-il de refuser la mort sinon à nous amener à souffrir !

Au cours des siècles et surtout en Occident, il y a eu beaucoup de tabous, beaucoup de mystère autour de la mort. Aujourd’hui, il y en a encore mais petit à petit au fil du temps les voiles se lèvent et on en parle plus facilement.

Mais que se passe-t-il au moment de la mort ? Si notre enveloppe physique corporelle est détruite, l’esprit lui ne meurt pas il est immortel. Quand il y a mort physique, nous quittons notre terre Mère Gaïa et l’esprit retourne à la Maison, à la Source Originelle, dans un ailleurs d’Amour. Il y a de nombreux témoignages à ce sujet. Ah pardon me direz-vous quand on est mort on ne revient pas… ! Que faites-vous de ces personnes – et elles sont nombreuses – qui ont vécu une NDE soit une expérience de mort imminente ? Elles ont témoigné de ce qu’elles ont vu sur « l’autre rive » et toutes parlent de Lumière et d’Amour.

Ce qui m’amène à parler à nouveau de Roger mon frère. Peu après sa mort Je l’ai vu à la morgue. Là j’ai reçu un cadeau. Oui j’ose répéter j’ai reçu un cadeau ! Lorsqu’on a ouvert le sac dans lequel il était, lorsque j’ai découvert sa tête, j’ai Vu un visage illuminé irradié de lumière et pourtant il n’avait plus le même visage, celui que je lui ai connu pendant des années. Son visage était à présent abîmé par les médicaments, bouffi mais ce visage bouffi irradiait de lumière… Je me suis dit alors : comment cette chose est possible ? Il est mort d’un infarctus ce qui fait énormément souffrir, son visage devrait être marqué par la souffrance. En même temps me sont revenues des bribes du livre de Raymond Moody « La vie après la vie » le tunnel, la lumière au bout, les êtres chers disparus qui accueillent et l’Amour… l’Amour qui est là partout. Ce vécu m’a donné à jamais un autre regard sur la mort. Je n’en ai plus peur. Bien sûr cette image de Roger n’a pas fait disparaître la peine que j’ai eue pendant plusieurs jours mais à dans ma souffrance je la revoyais souvent et ma peine se faisait moins vive. C'était tellement extra ordinaire ce qu'il avait vu pour avoir un tel visage ! Moi je devais faire mon deuil, j’étais seule à pouvoir le faire (ou non).

Ma petite mère qui était là aussi n’a rien vu de tout cela, elle n’a vu que son fils mort. Elle ne s’en est jamais remise.. Deux points de vue diamétralement opposés, le mien et le sien ; nous n’avons pas eu le même regard sur la mort. Nous avons vécu les suites de cette mort différemment aussi. Elle qui a progressivement abandonné la vie et ses responsabilités puisqu’elle a fini par développer la maladie d’Alzheimer, refuge inconscient qu’elle a trouvé pour ne plus souffrir de l’absence de son fils.

Ne pourrions-nous nous inviter à changer notre regard sur la mort ?

Dans le même temps en cette année 1990 pour la première fois dans ma vie d’artiste, j’ai jeté littéralement la peinture sur une toile, je jetais ma peine en couleurs avec des noirs, des rouges, des jaunes, je la libérais… J’ai peint le vide que laissait Roger, j’ai peint son absence définitive, j’ai peint ces retrouvailles de suite perdues, j’ai peint ma colère, mes pleurs, ma peine… Puis un peu plus tard alors que j’étais apaisée j’ai réalisé un portrait, un portrait de lui avec ce visage bouffi. Peu après est née une peinture symbolisant cette mort brutale. Je l’ai même exposée au cours d’une exposition personnelle !

C’est grâce à cet évènement dramatique que j’ai réalisé que l’art était thérapeutique. Je l’ai alors utilisé dans mon travail en psychiatrie où le médecin chef a fait confiance à mon âme artiste. Elle a cautionné les ateliers thérapeutiques de peinture que j’ai créés au sein du service. J’ai créé aussi des ateliers thérapeutiques dans une maison de retraite dépendant de « notre » secteur géographique dans un service long séjour. D’un service long séjour les personnes partent en général pour ce qu’on appelle « le grand voyage ». Ce service était mixte avec des personnes de 54 ans pour la plus jeune à qui on avait diagnostiqué une sclérose en plaque et pour les plus âgés 94 ans. Une belle expérience de vie qui a duré plus de dix ans. Si elle fut riche d’enseignements, elle ne fut pas facile, ces services sont loin de refléter la vie.

« La mort est un nouveau soleil » livre qui est arrivé jusqu’à moi, a été l’autre cadeau qui m’a permis d’accepter le départ de Roger.

A une période de ma vie, j’ai eu des chats. Je me qualifiais de Mère-chats. J’ai toujours eu une relation particulière avec ces animaux. A présent je dirai j’ai une relation particulière avec les animaux.

Lorsque Micky notre premier chat noir est parti – empoisonné – nous habitions en dehors de la ville en Lorraine. La commune distribuait aux habitants de la mort aux rats. Je n’ai jamais utilisé ces produits mais certaines personnes y avaient recours. Micky a été plusieurs fois touché, les coussinets de ses petites patounes en ayant récupéré puisqu’il partait en aventures dans les environs. Un jour il a été à nouveau touché mais ne s’en est pas relevé, son foie étant gravement atteint. Je me souviens alors avoir vécu un drame, tout comme mon fils Laurent. Il avait tenu à être avoir moi pour l’emmener chez le vétérinaire. Ce fut un drame pour toute la famille mais plus encore pour nous deux qui l’avons accompagné jusqu’au bout. Pendant plusieurs années je n’ai plus eu de chat. Je n’en voulais plus, je ne voulais pas souffrir encore… Et Joyau est arrivé, là j’étais sur Lyon et lorsqu’il est parti lui aussi après de nombreuses années de complicité, de jeux, d’amour, à nouveau ce fut la souffrance. Tout comme Micky mais de manière différente, Joyau et moi nous comprenions du regard et avec tous nos sens. Il m’a enseigné pendant plusieurs années. Ils ont rejoint l’Univers des chats il y a un certain nombre d’années maintenant. A ce moment-là un livre m’a aidé à faire mon deuil « Ces chats de hasard » d’Annie Duperrey. Je me souviens avoir pleuré pleuré pleuré.. Ce fut salutaire et un jour je me suis réveillée apaisée ! La peine s’apaise toujours, elle vient lorsque c’est le moment pour nous, elle vient après notre période de deuil et le soleil brille à nouveau.

Culturellement beaucoup pleure leurs morts, peu sont en joie. En Afrique noire par exemple, la mort est célébrée, il y a une grande fête en l’honneur de la personne pour son grand voyage dans l’autre monde. On honore le défunt, on lui rend hommage avec des chants, des danses, de la joie. On lui rend hommage en étant vivant.

Il y aurait encore tant à dire sur le sujet. Je suis désolée de n’avoir pas su faire court !

Pour terminer je dirai : la mort n’est ni belle, ni autre.

La mort n'est pas l'opposé de la vie, elle en fait partie. Elle est ce qu’elle est, inéluctable à la fin de notre chemin terrestre, nous ne pouvons la fuir.

D'autres l'ont dit avant moi, la mort est un passage, un pas sage. Mais là nous entrons dans un autre débat.

Ma réponse à ta question Carole ? c’est tout simple, la mort est !

Voilà mes réflexions sur cette question..

Puisse chacun voir la mort

dans la lumière de l'amour !

Eliae à Caluire et Cuire ce samedi 29 juillet 2017


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